Description du projet

Le projet d’hébergement urbain crée de nouveaux logements en Jordanie pour permettre aux réfugiés syriens d’y vivre gratuitement pendant 18 mois. Le projet travaille avec des propriétaires locaux dont les propriétés sont inhabitables car elles n’ont pas été terminées. Le Conseil norvégien des Réfugiés fournit des financements pour rénover ces propriétés et leur permettre de répondre à des normes acceptables. Ces maisons rénovées sont ensuite louées gratuitement par le propriétaire à une famille de réfugiés pendant 18 mois.

Le Conseil norvégien des Réfugiés fournit également des services d’aide juridique aux réfugiés syriens par rapport à leurs droits et à l’accès aux documents juridiques et civils, aux procédures d’inscription des réfugiés et aux droits à la propriété (incluant les expulsions et les conflits entre les propriétaires et les locataires).

À ce jour, le projet a :

  • Créé 5.100 logements bénéficiant à 1.106 propriétaires.
  • Fourni un hébergement à 18.127 réfugiés, dont 83% sont des femmes ou enfants.
  • Créé 20.400 emplois de courte durée au nord de la Jordanie, où, dans la ville d’Irbid, le taux de chômage est de 21% et est le deuxième taux le plus élevé du pays.
  • Relancé les économies locales en investissant localement 10 millions de dollars.

Le projet est en cours et continue de lever des fonds pour rénover de nouvelles proprieties.

Objectifs

Les principaux objectifs du projet sont les suivants :

  • Garantir que les réfugiés syriens accèdent à des hébergements adéquats ;
  • Garantir la protection des personnes vulnérables ;
  • Garantir que les réfugiés connaissent leurs droits et les fassent valoir.

Le nombre élevé de réfugiés dans les communautés hôtes met de plus en plus de pression sur le logement local et le marché du travail. Il s’agit d’une grande source de tension entre les réfugiés syriens et les Jordaniens. Environ 20% des réfugiés syriens qui vivent dans les communautés hôtes n’ont pas de contrats locatifs, ce qui signifie qu’ils risquent constamment d’être expulsés. Le manque de sécurité d’occupation a un impact sur leur inscription auprès des autorités jordaniennes, condition nécessaire pour accéder aux services humanitaires et publics. Ce projet vise par conséquent à :

  • Fournir un hébergement sûr, adéquat et abordable aux réfugiés syriens vulnérables [1] dans les régions jordaniennes autres que les camps.
  • Limiter la hausse des prix des loyers au niveau local en augmentant le nombre de logements.
  • Investir dans l’économie locale, directement via les subventions accordées aux propriétaires jordaniens et indirectement en créant des opportunités génératrices de revenus pour les travailleurs qualifiés et non qualifiés dans le secteur de la construction.

[1] Des critères de vulnérabilité sont utilisés pour évaluer les personnes qui bénéficieraient le plus de ce projet – parents célibataires, mères célibataires, familles, personnes handicapées, personnes avec plusieurs jeunes enfants. Un traitement préférentiel est offert à ces groups.

Contexte

Le nord de la Jordanie a connu un afflux impressionnant de réfugiés fuyant la guerre en Syrie. Plus de 635.000 réfugiés ont été enregistrés auprès des Nations Unies depuis le début de la guerre en 2011. Alors que plusieurs grands camps de réfugiés ont été construits, 82% des réfugiés syriens vivent en dehors des camps, principalement dans les villes du nord de la Jordanie. Cela a engendré une hausse de la demande et de la concurrence en matière de logement, et les impacts de cette situation se font ressentir sur les réfugiés, mais également sur les Jordaniens qui sont confrontés à une hausse des coûts du logement. Alors que le conflit entre dans sa cinquième année, la vulnérabilité des réfugiés augmente en même temps que leur capacité à payer des services comme le logement diminue.

Quelques 86% des réfugiés syriens vivent maintenant en dessous du seuil de pauvreté jordanien. Selon l’enquête de référence de l’UNHCR sur le cadre d’évaluation de la vulnérabilité, 50% des réfugiés syriens en dehors des camps sont très vulnérables sur le plan du logement. De nombreux réfugiés syriens en Jordanie sont incapables de trouver un hébergement adéquat et sûr pour leurs familles. Un ménage de réfugiés syriens sur cinq vit dans un hébergement qui ne leur offre pas de protection basique et qui a un toit qui fuit ou des feuilles en plastique à la place des fenêtres. Près de la moitié des hébergements loués par les réfugiés syriens sont également visiblement affectés par du moisi et de l’humidité, ce qui a un impact sur la santé de ces familles.

Les dernières statistiques nationales démontrent que les principales sources de revenus pour les ménages de réfugiés syriens sont :

  • L’aide alimentaire (25%) ;
  • Les revenus des emplois non qualifiés (23%) ;
  • Les emprunts d’argent (19%) ;
  • Les revenus des emplois qualifiés (10%).

Quelques 23% des ménages de réfugiés évalués vivent dans des hébergements où les cuisines et les salles-de-bain ne répondent pas aux normes minimales. En outre, le flux important de réfugiés a un impact croissant sur les prix des loyers locaux, qui ont augmenté de 13% par rapport aux prix du marché avant la crise.

Le projet s’évertue à lutter contre la crise du logement, contribuant à une hausse du parc de logements adéquats en Jordanie, et ayant un impact sur l’économie locale et la cohésion sociale grâce à l’investissement dans la communauté hôte. Le projet adopte une approche intégrée pour répondre aux besoins des réfugiés en fournissant un accès à des hébergements adéquats et en répondant à d’autres besoins de logement, incluant la sécurité d’occupation, en proposant une résolution des conflits et en fournissant aux réfugiés une aide juridique.

Principales caractéristiques

Les bénéficiaires sont sélectionnés en utilisant l’enquête de référence sur le cadre d’évaluation de la vulnérabilité (en utilisant le modèle social 2015 du cadre d’évaluation de la vulnérabilité). Cinquante pour cent des réfugiés syriens vivant en dehors des camps sont très vulnérables sur le plan de l’hébergement. Leurs dépenses mensuelles sont principalement consacrées à leur loyer.

Le Conseil norvégien des Réfugiés a adopté plusieurs mesures pour garantir que les bénéficiaires et les partenaires locaux soient impliqués et jouent un rôle actif dans le programme :

  • Les organisations communautaires et les autorités locales jouent un rôle clé pour diffuser les informations et trouver des propriétaires potentiels pour le projet ;
  • Les bénéficiaires se voient proposer un logement mais ont le droit de le refuser s’ils ont des raisons valides pour ne pas y vivre ; et
  • Les réfugiés syriens ont été impliqués dans le choix des critères de vulnérabilité utilisés pour évaluer l’implication des personnes dans le projet.

Le feedback des personnes logées via ce projet est utilisé pour améliorer les services et répondre aux besoins des bénéficiaires. Ces informations sont collectées via différents moyens comme des enquêtes et des entretiens individuels avec les ménages. Les services de conseil et d’aide juridique impliquent une écoute quotidienne et une compréhension des problèmes des réfugiés syriens pour essayer de leur trouver des solutions en temps réel. Les propriétaires sont inclus dans ce processus et sont également en mesure de fournir un feedback et de demander de l’aide tout au long de la location. La mise en œuvre du projet est également coordonnée avec le gouvernement local via un mémorandum de compréhension avec le ministère en charge du gouvernement de Jordanie.

Le projet implique une amélioration des logements existants, incluant un travail pour :

  • Améliorer la protection durable contre le froid et les intempéries et augmenter la sécurité et l’intimité. Cela inclut l’ajout de portes et fenêtres permanentes ; l’isolation (toit, portes et fenêtres) et l’application d’une couche d’enduit.
  • Inclure des sources d’énergie renouvelable (solaire thermique) et des kits de conservation de l’eau dans le cadre de la rénovation des propriétés.
  • Améliorer l’hygiène et l’accès à l’eau et aux installations sanitaires. Cela inclut l’installation de toilettes et de douches ; l’amélioration des systèmes de drainage ; la construction de fosses septiques ; la réparation des fuites d’eau ; la réparation des systèmes de drainage.
  • Améliorer les liens avec l’infrastructure et les services municipaux. Cela inclut la connexion à l’eau et l’installation de citernes d’eau ; l’installation de compteurs électriques séparés
  • Éliminer les risques en matière de santé et de sécurité. Cela inclut l’ajout de balustrades ou de barrières aux escaliers, de balcons, etc. ; l’ajout de circuits de terre électrique, la réparation des installations électriques défectueuses, etc. ; l’enlèvement de tous les objets indésirables et l’enlèvement des débris.
  • Créer des chambres séparées pour augmenter l’intimité et fournir un living plus chaud. Cela inclut l’installation de portes intérieures et de cloisons légères.
  • Garantir que les personnes handicapées peuvent se déplacer dans leur maison, utiliser les toilettes et entrer et sortir de la maison en toute sécurité. Cela inclut la fourniture d’équipements pour garantir l’accessibilité et placer l’accent sur la sécurité et la dignité en fonction des besoins spécifiques des personnes handicapées.

Le tableau ci-dessous résume le niveau des paiements accordés aux propriétaires pour rénover leurs propriétés, sur base du nombre de logements habitables qu’ils peuvent fournir aux réfugiés.

Nombre de logements Limite d’investissement (18 mois de loyers gratuits (dinars jordaniens)) Conditions minimales
1 2.000 dinars (environ 3.000 dollars)
  • Loyer gratuit pendant 18 mois ;
  • Sécurité d’occupation ;
  • Pas d’expulsion
2 3.000 dinars (environ 4.000 dollars)
3 4.000 dinars (environ 6.000 dollars)
4 5.000 dinars (environ 6.500 dollars)

Quel est son impact ?

Le Conseil norvégien des Réfugiés ne connaît pas encore les impacts directs du projet sur les politiques locales ou nationales. Toutefois, le projet a impliqué le gouvernement jordanien dans les discussions locales et nationales sur les besoins des réfugiés. Ce travail a accouché sur la signature d’un Mémorandum de compréhension avec le gouvernement jordanien, ce qui a démontré l’implication du gouvernement dans le projet. Un des principaux points du Mémorandum de compréhension est la création d’un comité directeur composé de représentants des différents ministères concernés (Développement social, Municipalités, Planification et Coopération internationale) ainsi que de représentants des autorités locales des régions ciblées par le projet. Le comité directeur a positivement influencé l’acceptation du projet au niveau national et au niveau local et a fourni une plateforme pour garantir la durabilité du projet dans le futur.

Le projet est en mesure de protéger et de promouvoir les droits à un logement décent de différentes façons. Premièrement, en augmentant directement l’offre de logements décents pour les réfugiés. Deuxièmement, le projet a sensibilisé le public sur les codes de construction avec les entrepreneurs locaux. Troisièmement, le projet a joué un rôle actif pour protéger les droits au logement des réfugiés lorsqu’ils intègrent un nouveau logement.

En outre, le Conseil norvégien des Réfugiés a pris contact avec le nouveau Conseil jordanien des Constructions vertes afin de prôner l’inclusion d’initiatives écologiques.

Comment est-il financé ?

Quelques 5.100 logements ont déjà été rénovés par le projet grâce à des dons des bailleurs cités plus bas. Les rénovations futures dépendent de financements supplémentaires, et un nouveau financement a été trouvé jusqu’en septembre 2017.

Les coûts dépendent des produits – entre 1.000 dinars (environ 2.000 dollars) et 2.000 dinars (environ 4.000 dollars) par logement – et des coûts opérationnels incluant le personnel, le transport et la location de bureaux et de matériel.

Les coûts ont été couverts par des financements directs provenant de différents bailleurs comme :

La flexibilité du projet dépend complètement des financements. Le Conseil norvégien des Réfugiés recherche activement des fonds pour poursuivre le développement de son travail.

Aspects innovants

Sortant des sentiers battus, le projet a cherché à aborder des problèmes multiples et ne s’est pas contenté de fournir des hébergements aux réfugiés. Le projet cherche à lutter contre les causes de la crise du logement, en contribuant à augmenter le parc de logements adéquats, et en ayant un impact sur l’économie locale et la cohésion sociale grâce à un investissement dans la communauté hôte.

L’investissement dans l’économie locale permet de réduire les conflits entre les réfugiés et les locaux. Soutenant cette initiative, le programme a cartographié les travailleurs qualifiés à différents endroits et a partagé la liste de contacts avec les propriétaires. Cela est également un exemple d’innovation de la chaîne logistique du projet et a répondu à un besoin local où il y avait trop peu de travailleurs pour répondre au programme de construction.

Dans le cadre du secteur locatif jordanien, la fourniture d’énergie renouvelable (solaire thermique) et de kits de conservation de l’eau est également innovante. Ce n’est que ces dernières années que les énergies renouvelables ont commencé à être adoptées, et la conservation de l’eau n’est pas encore toujours appliquée dans les constructions et les rénovations en Jordanie. Le projet offre une plateforme permettant aux autres d’apprendre de nouvelles techniques.

Pour ce projet, le Conseil norvégien des Réfugiés a utilisé des programmes de transferts en espèces comme mécanisme d’aide aux propriétaires. En outre, le Conseil norvégien des Réfugiés permet également aux propriétaires d’installer des chauffe-eaux solaires en échange d’une réduction du loyer (en dehors de la période du loyer gratuit) – et cette option est clairement mentionnée dans l’accord de travail convenu avec le propriétaire.

L’approche prise par le Conseil norvégien des Réfugiés a inclus des engagements proactifs avec d’autres acteurs clés comme des autorités locales et le nouveau Conseil des constructions vertes pour les informer du projet, ce qui a renforcé le projet en soi et a bénéficié aux communautés de réfugiés.

Quel est son impact sur l’environnement ?

Lors de la phase de conception du projet, une évaluation interne de l’impact environnemental a démontré qu’il n’y avait pas de risque majeur pour l’environnement et, par conséquent, aucune mesure spécifique n’a été mise en place. Cela reflète principalement le fait que les rénovations ne sont pas de nouvelles constructions et qu’il n’y a dès lors pas d’acquisition de terrains avec ses impacts associés sur l’environnement.

Le projet implique la rénovation de bâtiments existants et non pas des démolitions et reconstructions, et le Conseil norvégien des Réfugiés a intégré des énergies renouvelables et des systèmes de conservation de l’eau dans le projet, incluant :

  • L’installation de chauffe-eaux solaires pour les ménages utilisant des sources d’énergie renouvelable. Les chauffe-eaux solaires permettent de réduire considérablement les factures énergétiques des ménages et améliorent les conditions de vie des bénéficiaires ;
  • La fourniture de lampes économiques qui contribuent à réduire les factures énergétiques des ménages ;
  • La distribution de kits d’économie d’eau permettant de réduire la consommation d’eau des ménages qui, en plus des avantages pour l’environnement, réduisent les coûts d’acheminement d’eau et de l’évacuation des eaux usées pour les ménages vulnérables.

Avec l’accent sur la réutilisation des structures existantes et l’inclusion des énergies renouvelables et des mesures de conservation de l’eau, le projet a un impact positif sur l’environnement si l’on le compare avec les options liées aux nouvelles constructions.

Quel est l’impact social du projet?

Le nombre élevé de réfugiés dans les communautés hôtes en Jordanie mettent de plus en plus de pression sur les marchés du logement et du travail. Il s’agit d’une grande source de tension entre les réfugiés syriens et les Jordaniens.

Sans le projet, les réfugiés syriens seraient confrontés à des déplacements prolongés sans moyens de subsistance, ce qui pourrait engendrer :

  • Des mécanismes de défense négatifs adoptés par les réfugiés syriens vulnérables (prostitution, criminalité, exploitation dans le domaine de l’emploi).
  • Un risque d’expulsion des réfugiés syriens travaillant illégalement.
  • Des retours en Syrie.
  • Des retours involontaires dans des camps.

Pour les communautés hôtes jordaniennes :

  • Une perte de revenus pour les professionnels du bâtiment dans les régions pauvres de la Jordanie.
  • Un décalage entre la demande et l’offre de logements abordables.

Lors d’une enquête sur les réfugiés syriens bénéficiant du projet, 93% ont affirmé se sentir en sécurité dans leur nouveau logement, alors que ce pourcentage était de 58% avant le début du projet. Un tiers des bénéficiaires ont affirmé avoir précédemment habité dans une cave, une tente, un entrepôt ou une maison partiellement construite alors que leur nouveau logement est un appartement ou une maison complètement terminée qui répond à des normes minimales. Quelques 92% des personnes interrogées ont affirmé que leur nouveau logement était « bien » ou « très bien ».

L’impact du projet sur les propriétaires jordaniens et leurs familles est durable. La rénovation de leurs logements a un impact direct sur la valeur de ces logements et permet aux propriétaires de générer davantage de revenus à la fin du projet lorsqu’ils mettent leurs logements en location.

Viabilité financière

Quelques 5.100 logements ont déjà été rénovés par le projet. Les rénovations futures dépendent des financements des bailleurs. En avril 2016, des fonds ont été trouvés jusqu’en août 2016. Toutefois, plusieurs propositions sont étudiées par les bailleurs qui se sont engagés à soutenir le projet, et le Conseil norvégien des Réfugiés est confiant pour la continuation du projet en Jordanie.

Obstacles

Plusieurs obstacles ont été rencontrés lors de la mise en œuvre du projet :

  • L’évaluation détaillée des retards de construction a aidé le Conseil norvégien des Réfugiés à trouver des solutions pour réduire ces retards par après. Un des problèmes constatés par les propriétaires causant des retards au niveau de la construction était le manque de travailleurs qualifiés. Afin d’aider les propriétaires à surmonter ce problème, le programme a cartographié les travailleurs qualifiés à différents endroits et a partagé la liste de contacts avec les propriétaires. Il s’agit d’un exemple d’innovation dans ce projet.
  • Certaines familles de réfugiés n’ont pas accepté les logements qui leur étaient proposés. Une évaluation détaillée des raisons a montré des résultats intéressants. Au moment de l’évaluation, le niveau de refus était de 15%. Les conclusions de l’évaluation ont permis de mieux comprendre l’importance pour les réfugiés de la proximité des services et des marchés. Par conséquent, les critères utilisés pour sélectionner les logements ont été revus et une priorité a été accordée à la proximité des services et des marchés.
  • Environ 80% des réfugiés de la province de Jerash et 61% de la province d’Aljoun ont choisi d’y vivre car ils avaient de la famille à proximité, alors que seuls 13% et 28%, respectivement, ont choisi d’y vivre à cause des prix modérés des loyers. Cela démontre l’importance des réseaux sociaux dans les choix de logement des réfugiés. Cela s’est avéré être un défi important pour le projet qui devait trouver suffisamment de logements à proximité des proches des réfugiés. Toutefois, grâce à l’implication de la communauté et au soutien des autorités locales, le projet est parvenu à augmenter le nombre de logements disponibles dans la plupart des regions.
  • Les logements surpeuplés et les conditions précaires de logement dans les régions urbaines peuvent engendrer une hausse de la violence familiale et des mariages précoces des filles de ces familles. Même si cela n’a pas été particulièrement remarqué dans le cadre du projet, des mesures de protection sont prises dans toutes les activités du Conseil norvégien des Réfugiés, avec la possibilité de diriger les réfugiés vers des sources spécialisées d’accompagnement.
  • Les coûts plus bas de l’accompagnement des réfugiés en dehors des camps impliquent que la demande d’hébergements urbains par les organisations humanitaires a de fortes chances d’augmenter, ce qui augmente l’importance de la sensibilisation des principaux bailleurs et acteurs pour garantir une aide continue pour les cas très vulnérables. En outre, le programme étudie différentes activités pour soutenir les moyens de subsistance des ménages de réfugiés et pour promouvoir leur engagement dans les activités génératrices de revenus (comme dans le secteur de la construction ou dans les activités à domicile) afin d’augmenter leur indépendance par rapport à l’aide humanitaire.

Leçons retenues

  • L’intégration de l’aide juridique et de la sécurité d’occupation dans le projet de logement a été essentielle pour garantir la durabilité des activités et protéger le plus possible les personnes concernées contre les expulsions.
  • La coordination avec le gouvernement hôte au niveau national et au niveau local a été déterminante pour garantir la mise en œuvre du projet, et a permis au Conseil norvégien des Réfugiés de mieux atteindre les bénéficiaires dans les différentes provinces.
  • La conception du projet qui a inclus des avantages importants pour la communauté locale en termes de subventions en espèces a permis de réduire les tensions entre la communauté et les réfugiés. Elle a également renforcé la capacité des communautés locales à ne pas s’enliser dans la crise en augmentant le nombre de logements et en mettant un frein à la hausse des loyers.
  • Le développement de partenariats avec les organisations locales a facilité l’acceptation du programme et a permis aux organisations locales d’accéder à des informations leur permettant de mettre en œuvre des projets similaires dans le futur. Cela a également amélioré la portée du programme et a permis un meilleur accès aux bénéficiaires dans différentes provinces.
  • La coordination avec d’autres acteurs humanitaires au niveau national et au niveau local a contribué à la qualité du processus de sélection des bénéficiaires en évitant les doublons et en normalisant la méthodologie utilisée par différentes organisations. L’élaboration de plusieurs mécanismes d’orientation a permis aux réfugiés de bénéficier d’une aide adaptée à leurs besoins.
  • L’engagement actif avec les gouverneurs locaux, autorités locales et organisations communautaires, et le développement d’une aide juridique pour les activités du projet, pourraient être mieux utilisés dans le futur si le programme d’hébergement urbain venait à être prolongé.

Évaluation

Le Conseil norvégien des Réfugiés a développé une approche efficace pour suivre et évaluer toutes ses opérations dans les pays du Moyen-Orient. Cette approche inclut un mécanisme de plaintes, de réponses et de feedback.

Pendant de nombreuses années, le Conseil norvégien des Réfugiés a utilisé des indicateurs standard pour toutes ses opérations, d’abord via sa base d’activités et maintenant via son système de rapport sur ses activités. Cela garantit une redevabilité maximale envers les bénéficiaires ainsi que la présence de systèmes qui soutiennent l’amélioration constante du programme.

Un suivi constant des hébergements est assuré par des ingénieurs civils qui travaillent pour le Conseil norvégien des Réfugiés, soutenant et suivant les propriétaires dans leurs travaux de construction. Les ingénieurs s’assurent que le travail de construction soit réalisé selon des normes adéquates et dans les délais impartis. En plus de la supervision technique, le Conseil norvégien des Réfugiés réalise des visites régulières chez les bénéficiaires afin de voir si tout se passe bien et de résoudre les conflits éventuels.

Une évaluation externe du projet a été réalisée en 2015, et des recommandations ont été intégrées dans les processus du projet afin de mieux atteindre ses objectifs. Une des recommandations de l’évaluation externe était d’adopter une approche davantage basée sur les régions lors de sa programmation, en plus de renforcer l’engagement avec les organisations et acteurs locaux. Par conséquent, en 2016, le Conseil norvégion des Réfugiés a débuté la mise en œuvre de son approche communautaire dans la programmation, garantissant la mise en œuvre de différents projets afin de maximiser l’impact sur les bénéficiaires. L’impact du projet sur les communautés hôtes n’a pas été analysé en profondeur, hormis l’impact économique.

Reconnaissance

Le projet d’hébergement urbain intégré a été sélectionné et présenté comme une bonne pratique lors du séminaire Les municipalités méditerrannéennes en première ligne de la crise des réfugiés : Atelier d’apprentissage mutuel pour les communautés accueillant des réfugiés organisé par la Banque mondiale et l’Initiative de gestion de crise (CMI) à Amman en 2016, et a reçu énormément d’attention dans les médias, que ce soit en Jordanie ou à l’étranger, incluant :

Transfert

Le Conseil norvégien des Réfugiés désire étendre davantage le projet en Jordanie, le seul obstacle étant le financement.

L’approche pourrait être un modèle reproductible dans d’autres contextes d’urgence et réduire le fossé entre les approches humanitaires et les approches de développement dans le secteur de l’hébergement. Le projet en Jordanie a été développé sur base d’un projet similaire mis en œuvre par la même organisation au Liban, où d’autres organisations impliquées dans l’hébergement reproduisent maintenant cette intervention.

En Jordanie, le Conseil norvégien des Réfugiés est la seule organisation impliquée dans la mise en œuvre de ce projet. Toutefois, il est inclus dans les interventions prioritaires en matière d’hébergement du Plan de réponse de la Jordanie pour la crise des réfugiés, et le Groupe de travail sur l’hébergement a développé des orientations techniques détaillées sur la mise en œuvre du projet.

Le transfert du projet dans des contextes similaires et l’atteinte des mêmes résultats dépendent fortement de la communication du processus. Le Conseil norvégien des Réfugiés est activement engagé en dehors de la Jordanie avec différents groupes de travail tels que Shelter Cluster, où cette approche est actuellement discutée.